Ils l’ont fait !
Mais oui, ils l’ont fait ! La plus longue traversée Canaries – Cap Vert ever !
Normalement, il faut compter 5 à 6 jours. Mais tout est dans le « normalement ». Nous aurons mis 9 jours.
9 jours de facéties du vent, 9 jours de grande bleue voire grise, 9 joursde réparations en tous genres, 9 jours de hauts et de bas, 9 jours pour se remettre d’autant de quarts de nuit, 9 jours nerveusement éprouvants, 9 jours différents.
Oui, 9 jours, car Eole est taquin : je t’en mets beaucoup au départ pour t’impressionner, avec de bonnes vagues, c’est cadeau, et puis après je suis un peu moins là, tu me crois derrière, mais je passe devant, et puis finalement je vais voir ailleurs si c’est mieux, je reviens, et puis non, je ne fais que passer, on verra plus tard si je souffle dans tes voiles. Ou pas. Ou pas du tout.
Nous sommes finalement arrivés au Cap Vert mercredi 4 décembre. Nous avions prévu d’y séjourner un bout de temps avant la ‘grande’ traversée. Cela sera finalement une courte escale pour le ravitaillement du bateau, si nous voulons être au Brésil pour Noël. Bien sûr, tout dépend des alizés qui tardent à d’établir, auquel cas, je ne sais quelle sera la suite du périple.
9 jours riches aussi, 9 jours qui ne se ressemblent pas. Si je ferme les yeux quelques minutes, s’impriment alors :
– les changements si soudains de météo et de paysages : ciel gris et vagues assorties, ligne parfaite d’horizon et soleil de plomb, couchers et levers de soleil se répondant mutuellement…
– les quarts de nuit seule à régler les voiles et gérer le cap, la nuit avec ses petites frayeurs,
– la gestion de la vie à trois dans notre 3 pièces cuisine terrasse,
– la vue de ma cabine sur l’immensité de la mer,
– et… l’attente. Du vent. De l’arrivée. Les yeux rivés sur la carte, le speedomètre, et l’océan.
J’avais décidé de tenir un carnet de bord. Pour moi. Pour noter les jours qui s’égrainent. Pour voir si les journées seraient différentes des unes des autres. Pour ne pas oublier ces petits riens qui font tout. Pour revivre plus tard chacun de ces instants.
Et puis je me suis faite happée par le flot des mots au rythme des vagues. J’ai eu envie de partager ce carnet ici. Avec ceux qui veulent. Ce n’est certes pas La Longue Route de Moitessier. D’ailleurs je ne m’appelle pas Bernard. Mais c’est ma petite route à moi.
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