Wadi Rum, le magnifique
Le premier paysage de ce tour du monde fut les roches rouges de Lanzarote, alors que Toumim se préparait sur cette île des Canaries pour la grande traversée.
Je retrouve cette couleur-là aux dernières étapes. Ici, dans le Wadi Rum, point de volcans. Mais le désert. Celui de Lawrence d’Arabie.
Je comprends qu’il ait été subjugué et qu’il s’y soit installé avec les Bédouins. On ne peut ‘passer’ par le Wadi Rum, on y reste. Il y a comme une force qui en émane et qui aimante. J’aime les déserts, celui-là en particulier.
Dormir dans un camp bédouin aurait pu être une expérience cliché, elle est un moment magique dans la beauté de la nature. Il n’y a pas un seul autre voyageur aux alentours. Je profite du silence, des formes surprenantes, des couleurs aux dégradés de rouges sans cesse changeants. Tantôt seule, tantôt avec Cédric, un ami qui a travaillé plusieurs années en Jordanie et qui m’accompagne pour ce bout de voyage.
La beauté du monde et la diversité des paysages dont il regorge me fascinent. Et dire que je n’ai conscience que d’une toute petite partie.
Quelle chance de vivre sur cette Terre et d’avoir les moyens d’en découvrir différentes facettes. Je repense au dessin qu’un ami avait fait de moi avant mon départ, version routard avec boule à facettes. Il prend d’autant plus de sens aujourd’hui.
Ce n’est pas la version disco et talons hauts, mais les innombrables éclats de verre lumineux que l’on n’a pas fini de découvrir, les miroirs qui renvoient ce que l’on veut bien y voir.
Ce matin, dans le désert du Wadi Rum, le lever de soleil se fait prendre la vedette par une petite fourmi qui transporte une triple brindille de 20 fois sa taille. Nous avons tous déjà vu ces transports de titan, mais pourquoi cette fois-ci je reste là à la regarder ? Pour ne pas oublier l’infiniment petit au milieu de tous ces grands moments exceptionnels ? Peut-être.
Cette fourmi a trouvé quelque chose de précieux. Une brindille. Et dans le désert, c’est rare. Non seulement elle l’a trouvée, sûrement par hasard après un voyage loin de chez elle, mais en plus elle la ramène. Car son trésor est sans prix, peut-être sera-t-il une partie de son habitat, de son futur. De plus, comme cette brindille aux trois brins démesurés se bloque contre les aspérités du terrain, elle fait changer la fourmi de direction.
C’est au terme de mon propre voyage que ces pensées me viennent. Aller loin, trouver par hasard un trésor, en faire les bases d’un chez-soi, se laisser emmener sur un autre chemin…
Le soleil, beau joueur, pas vexé pour deux sous de ne pas avoir été le centre des attentions, joue un joli rôle en éclairant magnifiquement la scène. Au premier plan, en agrandissant l’ombre de la brindille pour être sûr que je la voie, et en arrière plan le décor majestueux du Wadi Rum. Les quelques oiseaux applaudissent par leurs chants.
Je suis seule sur une petite colline dans le désert du Wadi Rum, et un seul mot me vient : Merci.
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