Trek de village en village
La Birmanie se prête délicieusement au trek de village en village. Enfin, elle doit s’y prêter délicieusement quand la saison est adéquate. Car en saison chaude, la végétation est très souvent jaunie quand elle n’est pas cramée car le Birman pratique la culture sur brûlis à outrance. Quand j’ai vu cette carte je n’ai plus eu de doutes sur les pratiques agricoles et « environnementales » birmanes :
Je choisis une région un peu plus en hauteur que les autres au cœur de la Birmanie, entre Kalaw et le lac Inle, d’ailleurs je ne suis pas la seule à avoir fait le même calcul. Je rencontre sur le chemin d’autres voyageurs qui randonnent entre les champs, les arbres (bonheur, un peu d’ombre !) et les villages Paô.
Je pars pour deux jours avec Marga, une Allemande globe-trotteuse rencontrée à la sortie d’un avion, et notre guide locale Phyo Phyo qui vient elle-même avec son amie Zinmar, c’est plus marrant entre copines. Bref, une belle équipée de quatre nanas !
Il fait chaud, on l’a assez dit, mais quand même. Nous marchons au milieu de la vie agricole, au rythme des carrioles de bambous tirées par des bœufs, sur les chemins qui relient les quelques villages où nous accueillent les enfants tout sourire entre une virée au « supermarché » et les séances « photo – fou rires ».
Les maisons sont toutes construites sur le même principe : au rez-de-chaussée, l’étable et l’âtre (qui peut parfois être à l’étage. L’âtre, pas l’étable, hein). Au-dessus, une grande pièce vide qui sert de chambre. Comme il n’y a pas de conduit de cheminée ni de fenêtre au rez-de-chaussée, les maisons sont enfumées. Les ONG ont encore du boulot devant elles.
Dans les maisons où nous nous sommes arrêtées, j’ai toujours vu un endroit pour prier Buddha. À part cela, pas de meuble. Pas de lit, mais des nattes. Pas d’étagère, mais des fils à linge.
Evidemment, quand en fin de journée on veut faire un brin de toilette, c’est l’éclate dans la cour, là où se trouve le réservoir d’eau rempli à l’aide de bidons qui transitent depuis la rivière à quelques kilomètres. J’ai beau avoir emprunté le maillot de bain de Marga, m’être cachée derrière un mur, les femmes et les enfants rappliquent, entre étonnement et rire, c’est un peu la fête cette histoire !
Les filles nous préparent un dîner d’anthologie. Une dizaine de plats nous attendent. Tout est cuit au feu de bois. Avec presque une bouteille entière d’huile d’arachide (la cuisine à l’huile, une autre spécialité birmane). Elles invitent un de leurs copains et c’est crise de rires, bon j’avoue ne pas avoir participé à toutes les blagues birmanes…
Ce fut une belle soirée. De là à dire qu’on a passé ensuite une nuit aussi délicieuse, l’estomac pas vraiment léger, avec la fumée à partir de 4 heures du matin qui filtre à travers les lattes du plancher, euh, comment dire… En tout cas, dormir tous ensemble, avec toute la famille dans la même pièce, chacun faisant de la place à l’autre, fut un beau moment de grande simplicité.
Le départ à l’aube est paisible, j’aime la brume qui ici se lève avec la chaleur de la journée. L’état fiévreux des derniers jours est encore un peu là, cela ajoute à cette impression de vapeur dont les champs se nappent.
Ça y est ! C’est l’arrivée sur le lac Inle que nous voyons en contrebas ! La fraîcheur du lac est accueillie avec un plaisir non dissimulé. Un petit bateau nous attend, nous quittons les champs pour les jardins flottants et les réserves de pêche…
Une nouvelle page de la Birmanie se tourne.
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