Pétra, l’immense
Il est des noms qui font rêver, qui charrient tout un imaginaire. Pétra en fait partie. Serai-je émue de découvrir maisons, temples et tombeaux au fond des vallées abruptes ? Allai-je y percevoir la ville nabatéenne, et me retrouver plusieurs siècles auparavant au centre d’une vie grouillante ? M’imaginerai-je telle une petite souris en train d’observer Indiana Jones arrivant à fond de train sur son cheval ? Serai-je emportée ? Ou pas ?
Quand je commence à descendre la vallée du Siq qui mène à Pétra, j’ai toutes ces images floues plein la tête, comme des croquis trouvés dans la malle poussiéreuse d’un grenier qui m’auraient emmenée sur cette route-là.
Et je me fais surprendre. Comme à chaque fois. L’émotion est venue par des interstices, sans prévenir.
J’ai découvert Pétra silencieuse, sans les hordes de touristes et les vendeurs de souvenirs que l’on m’avait décrits. A potron-minet ou au coucher du soleil, tout est calme. Moments doux et forts à chaque arrivée à El-Khazneh, où j’ai l’impression d’avoir glissé un œil dans le trou de la serrure pour y voir le tombeau du Trésor à la dérobée. Puis la porte s’ouvre, et c’est Pétra.
On m’avait pourtant prévenue, Pétra c’est grand. Très grand. Mais quand même, je ne pensais pas que les chaussures de rando seraient de mises. Et si.
Trois jours à crapahuter dans les rochers, remonter les vallées, trouver un temple un peu caché, découvrir un point de vue, et… prendre le temps de ces petites rencontres, avec les Bédouins qui habitent ici et aux alentours. Je n’ai jamais bu autant de thé que ces trois jours-là !
C’est cela qui m’a le plus touchée. Je pensais visiter un site archéologique, j’y ai découvert une vie simple et accueillante au milieu de paysages grandioses.
Un gardien de chantier nous explique comment ouvrir le cadenas de tel lieu pour y découvrir de belles mosaïques, un Bédouin nous invite à dîner avec lui devant le feu et pourquoi pas dormir dans une des caves troglodytes, un autre encore se plie en quatre quand moi je le suis en deux. Un regard, un sourire, et c’est un verre de thé. Pour 5 minutes ou 2 heures, on verra.
Pétra c’est bien sûr une beauté architecturale. Ces constructions creusées à même la roche sont fascinantes. Je ne comprends toujours pas comment elles ont pu être si bien conservées par endroit et résister à l’érosion. Tiens, voilà des officiels du site, il y a en a peut-être un qui sait. Ah, non, ce n’est pas le conservateur de Pétra qui vient vérifier un caillou, c’est un attaché culturel qui accompagne les époux Badinter en visite. Je leur proposerai bien un verre de thé, tiens. Mais bon, ce n’est pas chez moi ici. D’ailleurs, je n’ai pas de théière. Mais j’ai un appareil photo qui aime bien prendre les temples en photo.
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