Le calme avant mon premier 5 000 mètres !
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A une dizaine de kilomètres de la frontière Bolivie-Chili dans l’altiplano, à 4 300m d’altitude, il y a une autre frontière. Au milieu de nulle part. Celle du Parc National Andin, à 4300m d’altitude quand même.
Un poste frontière donc où les voitures ont le bon goût de passer devant pour s’affranchir des formalités idoines, malgré l’absence quasi-totale de routes.
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Le lieu est désertique, avec aux premiers plans la Laguna Blanca, la Laguna Verde et le Juriques (prononcez Houriques ou Hourix, dans tous les cas il va chercher dans les 5700m). En toile de fond des montagnes aux dégradés d’ocres délicats dont le fameux Licancabur (5900m tout de même).
Avec le vent pour toute musique.
Cela fait 3 jours que je découvre le Sud Lipez avec un petit groupe de voyageurs forts sympathiques. Mais voilà, je n’ai plus envie de suivre un programme pré-établi. Alors, je descends de voiture. Au sens propre comme au figuré. Je me retrouve là, devant cette cabane qui n’a pour tout voisin que quelques vigognes et un refuge/pension avec quelques chambres à louer.
Je vais rester là un peu, avec la chance peut-être de faire demain l’ascension d’un des deux volcans, le Licancabur ou Houriques, si le temps le permet.
Quelle belle surprise ! A l’intérieur de la maisonnée, tout est simple et bon. La pièce à vivre est inondée de lumière jaune qui filtre à travers le toit translucide qui capte la chaleur du soleil. La chambre a des allures de grand luxe après ces dernières nuits.
La famille est adorable.
Le père Serafin, le seul bolivien que je connaisse dont le nom ne se termine pas par un O, me propose ses services comme guide pour l’ascension avec un départ à 3h du matin. Bon, pour l’instant il essaye de réparer le groupe électrogène.
Sa femme Maria tient la pension.
Les enfants ? Deux grands gars qui vaquent à leurs occupations tandis que les deux fillettes Rosio et Raquel m’adoptent illico.
Et bien sûr la cuisinière, la sympathique Fermina, qui, une fois qu’elle est en confiance, montre un visage transformé avec des yeux qui brillent de curiosité.
Je ne vois pas le temps passer. Balade comme pour défier le mauvais temps qui se pointe sérieusement. Repos. Contemplation des flamants roses dans la lagune. Ecriture. Enfin quand je peux, mon ordinateur est l’attraction numéro 1 car… il contient des photos !
Tout le monde veut les voir, cela donne des bonnes parties de rigolades à deviner quel lieu est où (on joue uniquement à moins de 200 km autour d’ici). Sans parler de l’immense étonnement de Serafin devant une photo de l’immeuble où j’ai grandi… Quoi, des maisons qui s’empilent les unes au dessus des autres, où vivent dans chacune des familles différentes ?!
Les filles s’exercent à taper leur prénom. Les gars jouent aux cartes avec le garde du parc. Fermina prépare le repas. Du lama le midi, du lama le soir. On s’habitue à tout. Même à ce que je prends au début pour des poils de laine, mais non c’est la viande qui est sèche et filandreuse. De toutes manières, les plats sont préparés avec soin, hors de question de ne pas leur faire honneur.
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Un petit rayon de soleil entre deux gouttes de pluie. Il y a des chances qu’il y ait un arc-en-ciel. On en discute avec les filles qui partent dehors pour le guetter.
Bingo, elles reviennent toutes excitées après 20 minutes : « arcoiris, arcoriris !! » !!!
Photo obligatoire.
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Au réveil, vers 4h du matin, les conditions météo sont au rendez-vous. Pas Serafin. Avec qui j’ai pourtant RdV pour grimper le Juriques. J’attends dans la nuit. Il ne viendra pas. Je pars seule avec les premières lueurs du jour.
Ma première rencontre avec la marche en altitude, seule, sans connaître le chemin, avec des petites chaussures Aigle aux pieds. Un des trucs à ajouter dans la liste des « Choses à ne pas faire. Et que j’ai faite ». La prochaine fois, je me lance vers l’Everest en tongs, tiens.
Je cherche le chemin, ne le vois pas. Comme c’est un cône volcanique composé d’un immense pierrier autant y aller comme on veut. J’apprendrai deux jours plus tard qu’il n’y avait pas de chemin, et que ce n’est pas du tout le sommet le plus facile…
Pour des questions de sécurité, de réserve d’eau et de timing, je vise un petit promontoire à 5000mètres (impossible de savoir là hauteur, à 100m près) avant le sommet.
Je découvre ce que c’est que l’ascension d’un sommet d’altitude. Micro pauses toutes les 10 minutes obligatoires pour que mon cœur reprenne un rythme acceptable. Le froid qui saisit plus on monte (inutile de préciser que je n’ai pas l’équipement idoine). Les paysages majestueux qui s’ouvrent au fur et à mesure sous mes yeux. La fierté de l’objectif atteint. J’ai encore assez d’énergie pour une petite vidéo à (environ) 5000 mètres : http://youtu.be/2322LBhuCkI
La descente est légère et je sens mon corps se réchauffer et mon cœur revivre avec le retour de l’oxygène.
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Je vois passer au loin les 4×4 qui passent avec les touristes le matin tôt, comme l’un de ceux avec lequel je suis venue. Le temps que je redescende, il n’y a plus aucune voiture. J’ai raté la caravane du matin.
Je négocie avec un des gardes du parc national qui m’emmène à la frontière du Chili… à moto.
Avec un sac à dos de 15 kgs, sans casque, dans le sable. On n’en est plus à un truc fou près, d’ailleurs j’adore !
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Apres ces jours dans le Sud de la Bolivie, je rêve de prendre enfin une douche et mettre des vêtements propres, de redescendre à une altitude qui permette de dormir et fasse fuir le mal de tête tenace, de décider de ce que je mange. Bref, il y a de la redescente dans la pyramide de Maslow.
Je retiens de ce moment passé ici le plaisir d’être seule, le beauté des paysages désertiques, le besoin de liberté, la gentillesse humaine, la sérénité face à l’inconnu du lendemain, le dépassement de soi et les petites victoires, le bonheur de l’instant présent. Je me souhaite de ne jamais oublier tout cela.
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