Où il est question de mur
Venir à Jérusalem, en Israël, c’est se prendre en plein visage le conflit, les tensions, la colère et la violence sous-jacente, celle qui est ouverte à quelques dizaines de kilomètres de là.
Venir à Jérusalem, en Israël, c’est se dire : je sais que je ne sais pas tout, je comprends que je ne comprends pas tout.
Venir à Jérusalem, en Israël, c’est être face à un mur. Le mur de l’Ouest prié par les Juifs et enjambé par les Musulmans. Le mur de l’enceinte de la vielle ville qui raconte tant d’Histoire. Et le mur qui ceint les territoires palestiniens, visible des terrasses de la vieille ville. Un mur d’incompréhension. Un mur qui sépare pour sûr, qui protège peut-être et qui bloque assurément.
Je sais qu’il n’est pas le seul mur de l’Histoire qui sépare, qu’il n’est pas le seul debout aujourd’hui dans le Monde. C’est celui que j’ai vu. J’ai quitté Jérusalem pour aller au pied de ce mur, celui que certains appellent « le mur de la honte ». Beaucoup d’émotions. Les larmes aux yeux. Une grosse pierre dans la gorge qui descend au fond du cœur.
Après ces mois à voyager, à être accueillie avec tant de générosité, à me dire que l’humanité est fondamentalement bonne, comment est-ce possible ? Je maintiens et me dis que finalement « l’humanité est à la base fondamentalement bonne », ce sont nos choix, les nôtres qui ont fait cela.
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J’ai passé une journée dans une famille palestinienne, j’y ai entraperçu ce que la vie en Cisjordanie signifiait.
Le check point avec ses longs couloirs m’a renvoyée à des images que je ne voulais pas voir. Les six heures douloureuses de passage du poste frontière Jordanie-Israël vécues quelques jours auparavant étaient encore en moi. Oui, nous sommes dans un pays en guerre, même si tout semble plutôt calme ici.
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Cette semaine de juin 2014 est complexe. Trois jeunes Israéliens ont été kidnappés. Ce qui a déclenché plus de 300 arrestations de Palestiniens, des membres du gouvernement, des civils, dont des enfants. J’entends parler à plusieurs reprises de tortures. Je ne veux pas rentrer ici dans un sujet épineux et complexe, qui est loin d’être manichéen, je ne possède pas toutes les clefs pour analyser le conflit. J’ai rencontré des gens aux points de vue divers, souvent tranchés. Des habitants des deux bords, des humanitaires, des artistes locaux… Le conflit est au centre des discussions, presque à chaque fois. « On a beau se dire, ce soir on parle d’autre chose, rien n’à faire, on y revient tout le temps. » Les seules personnes ouvertes au dialogue que j’ai rencontrées étaient ‘anti pro-israéliennes’. Ce qui donne un point de vue partiel et partial. Une chose est sûre, il est impossible de rester neutre, même quand l’on est a priori « extérieur », il y a trop de tensions pour cela, trop de choses entendues, vues, vécues. Même à ma petite échelle.
Je repars d’ici retournée, triste, en colère.
Plusieurs personnes m’ont invitée à revenir, pour mieux comprendre. J’espère pouvoir le faire.
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Et à moins d’une heure de route, Tel-Aviv. Entre ambiance plage, cafés intellos, ou pool party sur roof top.
C’est peut-être cliché, mais le décalage est réel pour moi.
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Israël explose. Par tous ses pores.
Israël ne laisse pas indifférent, il ne laisse pas indemne.
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