Padam, « marcher haut et loin sur les chemins népalais »

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Padam

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Faire un trek au Népal ne se fait pas sans guide népalais ni porteur, sinon ça ne serait pas le mythe du trek au Népal. Pour ma part, cela sera du 2 en 1, avec Padam qui assure les deux rôles.

Pour des questions de météo, nous partons pour un petit trek de 5-6 jours qui sera réduit à 4 vu la vitesse de marche et les raccourcis les jours de pluie. 4 jours, cela laisse le temps de se connaître, d’échanger malgré la barrière de la langue (ah, la prononciation népalaise de l’anglais, un poème !).[/ezcol_2third_end]

Tout le monde l’appelle Padam, mais son véritable nom est Padam Bahadur Gurung.
Gurung, c’est l’une des 125 ethnies du Népal (ce qui donne 123 langues dans ce pays tout de même !), la sienne donc.
Bahadur signifie « fort », et cela se conçoit aisément quand on le voit porter mon ‘léger sac à dos de fille’ (chercher l’erreur).
Padam, euh… ça veut dire Padam, quoi. Quand je lui fais écouter la chanson éponyme d’Edith Piaf (mais oui, au beau milieu du Népal, parfaitement, j’ai ça en stock !), il pique un fard, est tout fier, veut comprendre les paroles, essaye de chantonner le refrain, bref c’est l’éclate.

C’est au cours d’un des repas partagés ensemble, lui devant son éternel Dal Bat (riz, lentilles, galettes, pommes de terres et/ou légumes épicés : tous les jours, midi et soir, comme la plupart des Népalais) et moi devant les fameux Momos (petits chaussons fourrés, se rapprochant vaguement des bouchées à la vapeur chinoises), qu’il me raconte d’où il vient.

Il est né il y a 26 ans dans le district de Dhading près de Katmandou, au milieu d’une fratrie de 3 frères et 3 sœurs. Il me parle de ses parents aujourd’hui agés de 65 et 70 ans à qui il veut apporter son soutien continuellement, c’est important pour lui. Soutien matériel avec les travaux de la maison par exemple ou économique avec ses propres revenus.
Cela fait maintenant six ans qu’il est guide sur les treks népalais, après avoir été porteur pendant deux ans.

En parallèle, il étudie en BBS (Bachelor in Business Studies), un cursus de trois ans qui en prend le double… puisque les examens de fin d’année ont lieu en septembre, et les résultats sont donnés en août. Oui, oui, onze mois plus tard. Entretemps, forcément, on fait autre chose. Il me montre le questionnaire de son dernier examen, plié en huit et conservé précieusement dans la poche de son blouson. Amusant, c’est en anglais (je me dis qu’il doit donc être bien meilleur à l’écrit qu’à l’oral, et avoir un vocabulaire développé business plutôt que vie au quotidien). Les questions portent sur les appels de marge d’une place boursière. Évidemment, l’exemple est donné avec la Banque Nationale Népalaise et la monnaie est la roupie népalaise, ça change.
Je lui demande s’il veut changer de voie ensuite, vu son cursus scolaire actuel. « No, I study just to improve my qualification, I want to stay a guide. » Il se demande même s’il ne va pas monter un jour sa propre compagnie avec son frère aîné, guide lui aussi.

C’est d’ailleurs ce métier qui l’a amené à voyager, sans cela il n’aurait jamais eu cette occasion. Uniquement au Népal qu’il n’a jamais quitté. C’est qu’il est allé loin en distance et… en hauteur.
Il me montre sur une carte où il est allé le plus loin : Dolpan disctrict près du lac Shey Phoksundo, au nord-ouest du pays, quand il était assistant guide. Et le plus haut ? Quand il a emmené par deux fois des clients faire le tour du massif des Dhaulagiris (une série de sommets entre 7000 et 8000 mètres) : ce trek a beau être au pied de ces massifs, il fait tout de même passer par des points à 6000 mètres. On ne joue pas dans la même cour.

Quand je lui explique que j’aimerais écrire son histoire, comme je l’ai fait pour d’autres personnes rencontrées sur la route, je lui demande s’il souhaite partager quelque chose en particulier. Oui, apparemment oui. Cela met du temps, il cherche ses idées, puis ses mots. Il finit par me dire : « My father was 50 when my younger brother was born. » C’était il y a 20 ans donc, sa mère avait 45 ans. J’essaye de saisir pourquoi cela est si important pour lui. Apparemment, il est extrêmement rare d’avoir des enfants au Népal passé 35 ans. Je comprends donc que la famille a souffert du regard des autres sur le sujet. Je comprends aussi, et surtout, que je ne comprends pas tout.
Et cela me fascine d’entrevoir des mondes qui sont si différents, pourtant réels et présents.

 

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