Ivan, « vivre un moment de plénitude absolue au milieu des raies mantas »
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Ivan, c’est une belle histoire d’amitié qui dure depuis, oh la la, dix huit ans déjà ?! Bon, on va dire simplement que nous nous connaissons depuis longtemps.
Ivan fait partie des amis avec qui j’ai étudié l’agronomie et qui ont continué dans cette voie, eux. Son truc à lui, c’est la mer, ou plus exactement les fonds marins. Il est en ce moment à Koh Phi Phi, ça tombe bien je ne suis pas très loin. Un avion et un bateau, et les amis se retrouvent !
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Il s’offre lui aussi en ce moment un joli break. Pour plonger. Non pas en tant que vacancier, mais comme instructeur pour partager sa passion. « Quelle joie quand je vois l’émerveillement de quelqu’un qui vient de découvrir un nouveau monde ou juste un nouveau poisson. » Et encore pas n’importe où, dans le Triangle de Corail où il vient de rejoindre un centre de plongée qui développe des activités de conservation de corail. Il faut dire qu’à Koh Phi Phi, entre le tourisme à haute dose et le tsunami, il y a du boulot.
Ici, les fonds marins sont parmi les plus riches en biodiversité au Monde. Il plonge pour les explorer et participer à leur protection. Une autre manière de revenir sur le « terrain » et d’appréhender son sujet de prédilection. C’est qu’il travaille pour l’Union Européenne sur les coopérations scientifiques en matière d’environnement et biodiversité marine. Cela fait 9 ans qu’il fait coopérer les laboratoires et ministères des États Membres pour optimiser leurs recherches (et leur budget !). Et avant l’Europe, il travaillait déjà sur ce sujet à l’Ifremer, plutôt du côté de l’Asie.
L’idée n’est pas de faire le CV d’Ivan, mais de donner à voir un peu de la vie de quelqu’un qui suit ses passions. Même si parfois il semble l’oublier quand les affres du quotidien lui pèsent.
Alors, justement quand les ré-organisations successives prennent le pas sur le contenu et manquent de sens à ses yeux, il se dit qu’il est temps de mettre la tête sous l’eau. Au sens propre pour ne pas l’avoir au figuré.
Il veut aller voir les sites marins avant qu’ils ne disparaissent. Il aime la richesse qui existe sous l’eau, « la vie explose ». « La plongée est une forme de méditation pour moi. La surface n’existe plus. Tu es là, ici et maintenant. » Je ne l’avais jamais entendu parler ainsi, j’aperçois une autre facette de mon ami Ivan.
Il décide donc de donner réalité à un désir installé plusieurs années, et il part en congé sabbatique. Un an qu’il a déjà prolongé.
Il arrive tout d’abord aux Philippines découvrir les requins renard, une espèce en voie d’extinction. Il me parle des zones marines protégées où les pêcheurs locaux sont associés : respect des zones de non-pêche et nursery permettent la prolifération de poissons qui, une fois en dehors de ces zones, constituent un vivier pour les pêcheurs. Comme ça, tout le monde est content !
Il part ensuite en volontariat à Bornéo pour mettre en place des récifs artificiels et planter du corail dans des zones dévastées par la pêche à la dynamite.
Comme il veut se donner les moyens de transmettre sa passion, il se forme à Bali et devient instructeur de plongée. Je lui trouve même une âme de missionnaire quand il me dit « Plus nous serons nombreux à connaître le milieu marin, plus celui-ci sera protégé. »
Puis il part deux mois comme guide sur un bateau croisière-plongée sur Komodo. Mais que de lieux qui font rêver ! D’ailleurs il me raconte ses souvenirs incroyables, son impression de bout du monde au milieu des dragons (de Komodo donc) et des singes, ses images de plongées. Il me parle aussi de ces îles désertes… où l’on voit du plastique sur le sable charrié par la mer. « C’est très dur à évaluer, mais l’estimation la plus basse chiffre à 6 millions de tonnes de déchets qui arrivent chaque année en mer. C’est un minimum. » On saisit mieux son envie de faire connaître le milieu marin pour le préserver.
On l’aura compris, Ivan, la mer, et l’Asie c’est une grande histoire. Et il continue sa route.
Cette année, il décide d’aller voir ses amis vietnamiens à Na Trang, et prend un poste d’instructeur de plongée pour financer son quotidien au Vietnam, pays qui lui est cher depuis plusieurs années. Il découvre alors une autre facette de ces clubs, beaucoup moins rose. Une belle désorganisation, des journées s’étalant de 6 heures du matin à 20 heures, 7j/7, pour 600 dollars par mois plus quelques commissions. Physiquement et moralement éprouvant.
Il tient 3 mois. Et arrive ensuite à Koh Phi Phi après avoir répondu à l’annonce d’un centre qui cherchait un instructeur avec un profil biologiste. Ça tombe bien ! Malgré le rythme soutenu imposé par le fonctionnement d’un tel centre, cela lui permet de continuer sa passion. Et moi, je ne me lasse pas d’écouter les amis me parler de ce qui les fait vibrer.
Euh, au fait, dans tout ça, c’est où ton plus loin à toi, Ivan ?
Cela ne lui prend pas plus de trois secondes pour me répondre « Manta alley ». Un site dans le parc national de Komodo où il a nagé au milieu d’un ballet de raies mantas. « Une raie manta a une véritable présence, une grâce absolue, tu vois ses yeux, elle revient vers toi, tu te sens tout petit, tu retrouves ta véritable place dans le monde vivant. » Mais ce jour là, à Manta Alley, il n’y en avait pas qu’une mais presque une trentaine ! « Cela a été une véritable décharge d’endorphine, presque une illumination, comme un sentiment de plénitude absolue quasiment mystique. »
Décidément, je découvre un autre Ivan, un autre regard, d’autres mots. Cela a du bon ces retrouvailles du bout du monde !
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