Koh Phi Phi, pour le meilleur et pour le pire
Je n’ai pas choisi d’aller à Koh Phi Phi pour la découverte du lieu mais pour rendre visite à Ivan, un ami de longue date, dix-huit ans déjà !, qui vient d’y arriver comme instructeur de plongée sous-marine. J’ai fait le voyage sans vraiment me poser de question à quoi pouvait donc bien ressembler cette île dont j’ai souvent entendu le nom… Surprise.
Côté mer, les paysages sont magnifiques. Des blocs de karst tombent abruptement dans la mer d’un bleu vert qui n’appelle qu’à y nager. Comme l’eau est à 32°C, pas d’excuse.
Pour la version du soir, les couchers de soleil sont envoûtants, avec des dégradés de rose, orange, violet, tandis que des éclairs zèbrent les nuages noirs au loin. Effectivement, c’est le début de la saison des pluies, tant mieux cela rafraîchit (un peu) car l’air est brûlant dès le matin.
Et maintenant, opérons un tour à 180 degrés. Et là, l’horreur. Avec un grand H. Tout ce que le tourisme peut produire de laid. Entre les constructions anarchiques, les groupes de Chinois en gilet de sauvetage rouge qui ne se déplacent pas à moins de cinquante, les bandes de jeunes bourrés venus du monde entier pour faire la fête sur la plage laissant au petit matin de jolis souvenirs en forme de détritus, les magasins qui jouent à touche-touche dans les petites ruelles étroites et étouffantes, des prix doublés pour une qualité inversement proportionnelle, une inamabilité flagrante, et vous avez l’anti-Thaïlande. Mais où est le « pays du sourire » emprunt de délicatesse ? Clairement pas ici…
Je ne suis pas tout à fait dans le cœur de cible de l’île, aussi je lui préfère ses alentours. Notamment ses fonds marins. Je passe des heures à nager avec les poissons multicolores jamais loin. Quand je ne suis pas en train de plonger avec Ivan.
Je ne savais pas que le requin léopard existait, maintenant j’en ai la preuve. Moment majestueux de voir un, puis deux squales tachetés nager ensemble après que l’un ait réveillé l’autre, avec la nouvelle version du « dis, tu dors, diiiis ? »
Le lendemain, cela sera ma première plongée de nuit, avec la découverte d’un monde endormi pour certains (je ne risque pas d’oublier ce grand poisson rayé de noir et blanc se laissant porter entre deux eaux, comme mort), en pleine activité pour d’autres (c’est amusant de se faire regarder par une vingtaine de petits crabes dont les yeux reflètent la lumière des lampes), voire déchaîné (avec une attaque en règle par un banc de poissons attiré par mes gambettes blanches malencontreusement éclairées).
Je crois que c’est ce qui s’appelle être heureux comme un poisson dans l’eau.
Je quitte plus tôt que prévu Koh Phi Phi, car c’est pour le meilleur et vraiment pour le pire.
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